Pour le livre de papier !

Bruno - 29/04/2012
Image:Pour le livre de papier !

Contre le livre numérique
Rencontre-débat : Vendredi 4 mai 2012 à Paris

NON AUX LIVRES-MACHINES, NON AUX LECTEURS-ROBOTS

Le collectif Livres de Papier, créé en 2009, entend résister en mots et en actes aux menaces numériques qui pèsent aujourd’hui sur le monde de l’édition.

Il vous propose de débattre avec lui de ces questions aux côtés de la librairie Tropiques :

Le vendredi 4 mai 2012 à 19h, en présence de Guillaume Carnino (Ed. L’échappée), Guillaume Riquier et Aurélie Del Piccolo (Coll. Livres de papier)

Librairie Tropiques - 63 rue Raymond Losserand 75014 Paris - Tél. 01 43 22 75 95

« LES SEULES PERSONNES NÉCESSAIRES dans l’édition sont maintenant
le lecteur et l’écrivain. »

Les nouveaux thuriféraires du numérique ont beau affirmer le contraire, le PDG d’Amazon est là pour remettre les choses au clair.

Oui, le livre électronique est bel et bien en train de tuer libraires, bibliothécaires et autres intermédiaires de la chaîne du livre. Et non, les métiers du livre n’ont décidément rien à gagner à renoncer à leur savoir-faire pour se transformer en
gestionnaires de bases de données et grappiller les quelques miettes que voudront bien leur laisser Google et consorts.

Car l’informatisation de la chaîne du livre menace le sens même de nos professions : pour les quelques start-up florissantes qui se partagent le marché du « numérique alternatif », combien de vacataires payés une misère pour océriser [1] à tour de bras, combien d’ouvrages imprimés à bas-coût à l’étranger, combien de traducteurs et de correcteurs laissés sur le carreau car remplacés par des algorithmes moins coûteux ?

Au fond, on nous joue toujours le même air : « il faut s’a-dapter », quand bien même ces innovations révolutionnaires sont portées par des multinationales avides et mégalomaniaques, des
start-up toujours à l’affût de secteurs à moderniser et de prédicateurs pécuniairement impliqués ou pétris d’idéologies progressistes faisandées.

« ON COMPREND QUE L’ENNUI ait partie liée avec le goût des livres et lui donne si souvent naissance. Leur fréquentation réclame des biens devenus rares : le silence, si difficile à obtenir dans des lieux où bourdonne désormais un incessant commentaire musical ; la solitude, devenue insupportable à des adolescents reliés en permanence à leurs copains ; la patience et la longueur du temps, désormais intolérables dans l’exigence vorace du plaisir immédiat. Silence, solitude, lenteur, les vocables qui disent à la fois le tourment et la fécondité de l’ennui sont aussi les compagnons nécessaires de la lecture.
Aussi est-ce un étonnement toujours renouvelé de voir attribué l’inappétence de la jeunesse pour la lecture à l’incompétence des maîtres ou à l’inadaptation des méthodes de lecture. Ce qui barre l’accès au livre est plus profond et plus massif. Lire suppose des conditions devenues presque exorbitantes : ne pas céder à la consommation fascinée des images ; supporter d’être seul, car si on peut lire côte à côte, on ne lit pas ensemble ; accéder au plaisir de l’ennui. »

Mona OZOUF.
« L’école, le plaisir et l’ennui ».
In : Revue internationale d’éducation - Sèvres,
n° 57, septembre 2011, p. 54.

Eh bien non !

Nous ne voulons pas nous adapter aux industries du divertissement et de l’électronique qui ambitionnent de détruire les métiers du livre pour mieux accaparer le marché de la culture : « La dernière chose que souhaitent les entrepreneurs du Net c’est d’encourager la lecture lente, oisive, ou concentrée. Il est de leur intérêt économique d’encourager la distraction [2]. »

À l’heure où le mal-être social s’intensifie à mesure que la précarité se généralise, le gouvernement applique consciencieusement la stratégie du capitalisme transnational : le basculement intégral au tout-numérique, notamment grâce au passage de la TVA de 5,5 % à 7 % pour les seuls ouvrages papier. Nouvelle source de croissance, écologisme de façade qui rapporte, dépossession
des savoir-faire humains par des machines toujours plus complexes et performantes, la numérisation du réel produit en série des êtres idéalement formatés pour jouir sans fin d’un monde
d’où le silence, la réflexion et l’empathie disparaissent au profit de l’intérêt bien compris, du chacun-pour-soi et du tout-tout-de suite.

Le collectif Livres de papier pense qu’il est urgent et nécessaire
de stopper une bonne part de ces innovations destructrices présentées
par certains comme une avancée. Le livre est pour nous
un point d’ancrage, un objet d’inscription pour une pensée cohérente et articulée, hors du réseau et des flux incessants d’informations
et de sollicitations : il demeure l’un des derniers lieux de
résistance. Par ailleurs, nous ne manquons pas d’armes critiques
pour combattre cette dématérialisation du livre - contrairement à
ce qu’affirment ceux qui voient en nous des Cassandre.

Le collectif Livres de papier appelle donc à la résistance et à la mobilisation
de tous les acteurs de la chaîne du livre, des lectrices et des lecteurs,
par le refus de numériser les fonds des éditeurs, de combattre
la rationalisation et la déshumanisation des bibliothèques et
l’introduction des RFID et des bornes automatiques, de donner de
l’argent public aux numérisateurs et aux fabricants de liseuses,
d’utiliser des gadgets électroniques néfastes et polluants, d’acheter
des livres ailleurs qu’en librairie indépendante et d’accepter la
numérisation de la vie.

Il est urgent de refonder un discours critique radical, d’imaginer des perspectives et de développer des pratiques qui, si elles ne se satisfont pas de la situation actuelle (concentration capitalistique à l’oeuvre dans l’édition et la diffusion/distribution, etc.), refusent d’avoir comme seul horizon l’avenir
technolibéral imposé par les numérisateurs.

Livres de papier

Créé en 2009, le collectif Livres de papier rassemble des lecteurs et des lectrices, des bibliothécaires, des libraires, des éditeurs, des traducteurs, des graphistes, des correcteurs, etc. À l’heure où le déferlement technologique, notamment via l’e-book, donne en pâture le livre « papier » aux multinationales du numérique et aux start-up qui y voient un nouveau gisement de profits, le collectif entend résister en paroles et en actes à l’informatisation de l’écrit et du monde. Qu’il s’agisse de « liseuses » au contenu infini, de bibliothèques entièrement virtuelles, de la numérisation des fonds des éditeurs ou de bornes automatiques visant à remplacer les bibliothécaires, le collectif Livres de papier s’oppose à la dématérialisation, source de dépossession de nos savoir-faire et de nos savoir-être, et revendique son attachement à la matérialité du lien social et du savoir, seule garante d’égalité et de diversité.


LIVRES DE PAPIER
Journal des réfractaires à l’ordre numérique

Format 30 x 42 cm, 12 pages, bichro

Pour le commander :

• 10 exemplaires du journal Livres de papier (5 euros, port compris)

• 50 exemplaires du journal Livres de papier (10 euros, port compris)

• Envoyez un chèque à l’ordre de Palimpseste avec vos coordonnées au collectif (adresse ci-dessous)

c/o Offensive, 21ter rue Voltaire 75011 Paris
livresdepapier@gmx.fr

Bruno

 29/04/2012

[1OCR, Reconnaissance Optique de Caractères, numérisation (scan) de documents papiers avec reconnaissance des caractères

[2Nicholas CARR. « Google nous rend-il stupides ? ». In : Les Cahiers
de la librairie
n° 7, janvier 2009, p. 36.

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