Protéger les intérêt de l’industrie nucléaire française
Antithèse : "radioactif" et "sans danger"
"Un nuage radioactif sans danger lié à l’accident nucléaire au Japon atteindra les Antilles françaises ce lundi et la métropole à partir de mercredi" nous rassure le France Antilles.
Reprenant les propos du président de l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, le journal du groupe Hersant Média nous apprend que "le nuage radioactif devrait atteindre les Antilles françaises à partir du 21 mars, à des niveaux extrêmement bas sans aucune conséquence".
"sans danger", "sans aucune conséquence"
A lire ces phrases, on se demanderait presque si ça ne vas pas être bénéfique pour notre santé...
"L’ordre de grandeur des retombées est de 1.000 à 10.000 fois moins que les retombées de Tchernobyl, il est donc tout à fait clair qu’à ce niveau de concentration, il n’y a aucune conséquence possible en terme de santé", aura ajouté le président de l’ASN.
"Aucune conséquence possible en terme de santé"
André-Claude Lacoste nous reparle de Tchernobyl. Et Tchernobyl, justement, et son nuage radioctif, plus précisément, avaient en leur temps donné lieu à un mensonge d’Etat.
Mardi 29 avril 1986 : le nuage radioactif de Tchernobyl arrive en France
Le jeudi 1er mai 1986, pratiquement toute la France est touchée par le nuage radioactif : toutes les installations nucléaires détectent une importante radioactivité.
Mardi 6 mai 1986, le ministère français de l’Agriculture diffusait un communiqué annonçant que "le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl".
A l’époque, les nuages radioactifs n’étaient pas "sans danger", mais ils s’étaient "miraculeusement arrêtés à la frontière française".
Le gouvernement de l’époque (Premier ministre Jacques Chirac) entreprit de minorer systématiquement les effets de Tchernobyl sur les populations françaises. Une grande entreprise de désinformation nationale, un mensonge d’Etat aux conséquences sanitaires très lourdes fut relayé par les médias.
Aujourd’hui, c’est André-Claude Lacoste qui rassure les Français.
Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson, de leur côté, ont entamé la danse macabre du lobby nucléaire français : les 58 centrales présentes sur le territoire sont sans aucun risque, les émanations issues de la catastrophe japonaise ne présentent aucun danger :
• Eric Besson appelle les médias à "dire et redire à nos concitoyens que toutes les centrales ont été conçues en intégrant les risques sismiques et d’inondation". Nous voilà pleinement rassurés.
• Nathalie Kosciusko-Morizet nous apprenait le même jour (samedi 12 mars), qu’ "aujourd’hui ont été relâchées dans l’environnement des émanations de vapeurs faiblement radioactives qui, au moment où nous parlons, ne semblent pas devoir être dangereuses pour les Japonais eux-mêmes et donc forcément pas dans les territoires d’outre-mer". Si même pour les Japonais, les émanations ne sont pas dangereuses...
Alors que le réseau Sortir du nucléaire rappelle (Le Monde, 12.03.11) de son côté "avoir révélé en juillet 2007 que les centrales nucléaires françaises n’étaient pas aux normes sismiques et qu’EDF avait falsifié les données sismiques de ses centrales nucléaires pour ne pas supporter des travaux de mise aux normes trop onéreux", avant d’ajouter que "cette situation perdure aujourd’hui".
Que penser des risques réels encourus par les populations martiniquaises et guadeloupéennes dans ce contexte de propagande nucléarophile, alors que les autorités censées protéger et informer les populations auront déjà, après Tchernobyl, montré qu’elles étaient prêtes à entretenir un mensonge d’Etat pour protéger les intérêts de l’industrie nucléaire française.
« La Martinique et la Guadeloupe devraient être les premières terres françaises touchées par les particules radioactives ». Comme le rappelle le LKP, "c’est par cette phrase que TF1 annonçait ce samedi 19 mars le passage du nuage radioactif en provenance du Japon sur nos deux pays, dans l’indifférence générale".
Espérons qu’il n’ait pas trop plu, ce lundi, au dessus de votre section...
Lire :
Le nuage de Tchernobyl sur la France : Chronologie d’un mensonge d’état
Pour info :
En 1987, quelques mois à peine après la catastrophe de Tchernobyl et la contamination de la France par le nuage radioactif, M. Sarkozy était Chargé de mission pour la lutte contre les risques chimiques et radiologiques au ministère de l’Intérieur. Sa présence à ce poste a donné lieue à une vive polémique, le réseau Sortir du Nucléaire lui demandant quel fût son rôle dans la diffusion et l’entretien du mensonge d’Etat concernant l’impact sur la France et ses populations de la catastrophe de Tchernobyl.
Illustration : Centrale électro-nucléaire de Golfech vue d’Auvillar, Clicgauche, licence Creative Commons. La centrale de Golfech est située à quelques dizaines de kilomètres de Toulouse, qui compte plus de 500 000 habitants...
Bruno
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