CPGE : le SE-Unsa n’appelle pas à la grève

22 décembre 2013

Les groupes de travail organisés par le ministère, relatifs aux missions et statuts des professeurs du second degré, ont mené les professeurs de classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) à se mobiliser contre une dégradation de leur rémunération. Dans le même élan et sans doute pour agréger de larges soutiens, le mouvement qui s’est organisé pointe une menace sur l’existence des classes préparatoires, le mépris pour cette voie d’excellence et pour leurs professeurs. Le 9 décembre, le SNALC, le SNES et FO appellent à une grève nationale. Le SE-Unsa ne s’associera pas à ce mouvement car il considère que les avancées obtenues lors de la réunion du 2 décembre débouchent sur un compromis très acceptable, qu’il convient de mettre en perspective.

Le premier projet du ministère prévoyait une pondération unique des heures d’enseignement à un taux de 1.5 au lieu d’obligations qui allaient de 8 à 11h selon les classes et les effectifs. Pour un professeur agrégé, un service complet en CPGE revient à une obligation de service de 10 heures hebdomadaires. Problème, pour tous ceux qui avaient une obligation inférieure à 10h, cette modification entraîne, non pas une augmentation du temps de travail mais plutôt une baisse de salaire. En effet, les professeurs de prépa assurent en moyenne 4 heures supplémentaires. Par ailleurs, quelques collègues, essentiellement dans les prépas littéraires, risquaient de se retrouver en sous-service.

Lors de la deuxième réunion,  le ministère a revu sa copie en proposant deux avancées:

  • Pour répondre à la situation particulière des enseignants effectuant moins de 10 heures, deux heures d'interrogations orales (les colles) sont prises en compte pour compléter leur service.
  • Pour prendre en compte les effectifs particulièrement lourds, une indemnité annuelle de 3 000 euros est créée pour les professeurs exerçant au moins quatre heures dans des classes de plus de 35 élèves.

Lors de la discussion, le représentant du ministère a précisé que cette indemnité serait favorable aux jeunes collègues de CPGE. Dans le nouveau schéma, les seuls enseignants qui accuseraient une baisse de revenus significative seraient ceux qui cumulent un nombre très élevé d’heures supplémentaires. Le ministère a également rappelé quelques chiffres sur la rémunération des professeurs en classe préparatoire, constituée d’une rémunération indiciaire, d’HSA et d’heures de colles (interrogations orales). Le salaire net mensuel moyen tout compris est de 4 800 euros. Les professeurs de chaire supérieure gagnent, eux, 5 700 euros nets mensuels en moyenne.

Pour le SE-Unsa, ces avancées sont acceptables si on les met en perspective avec les principes qui ont guidé la discussion sur les missions des professeurs du second degré : le vrai sujet engagé dans ces négociations. Il s’agit notamment de clarifier et rendre transparentes les indemnités perçues par les enseignants, les pondérations selon les niveaux et les disciplines, l’utilisation des heures supplémentaires, bref, de créer un système plus juste. Il est en effet souvent difficile dans le second degré de comprendre le fonctionnement indemnitaire. Et c’est dans les CPGE que l’opacité atteint des sommets, de même que les inégalités entre collègues.

Aussi le débat né autour des conditions de travail dans les CPGE nous amène à poser les questions suivantes :

  • Les syndicats demandent de la transparence, de la clarté dans les missions et les indemnités : pourquoi ces revendications ne s’appliqueraient-elles pas à la rémunération des professeurs de CPGE ?
  • Les syndicats prônent généralement la limitation des heures supplémentaires : pourquoi cette revendication ne s’appliquerait-elle pas aux professeurs de CPGE ?
  • Comment justifier à la fois un service hebdomadaire de 8h par la difficulté et l’exigence de l’enseignement, et cautionner le cumul important d’heures supplémentaires ? 4 heures supplémentaires, c’est un mi-temps. Pour un certifié, cela représenterait un service d’enseignement de 27 heures. Peut-on faire son travail correctement dans ces conditions ?

La responsabilité de cette situation incombe largement au ministère qui a répandu, pour les professeurs de classe préparatoire, la pratique des heures supplémentaires imposées, plutôt que la création de postes.

Pour le SE-Unsa, la pondération de 1.5 reprise des décrets de 1950 qui prévoyaient déjà cette équivalence d’1h30 pour 1h de cours, tient compte du volume de travail important fourni par les professeurs et des exigences particulièrement élevées de ce niveau d’enseignement. Elle est de 1.25 en BTS et sera de 1.1 en dans les établissements les plus sensibles de l’éducation prioritaire. La spécificité du travail est bien reconnue. La prime de 3.000 € créée n’a aucun équivalent ailleurs.

Le projet du ministère ne constitue pas à nos yeux une menace pour les CPGE : leur place et leur rôle dans notre système éducatif ne sont pas modifiés par les propositions avancées.

Le SE-Unsa partage le souci de ne pas opposer les enseignants entre eux et de reconnaître à leur juste mesure les différences de conditions de travail entre les collègues. Les mêmes principes doivent cependant s’appliquer avec cohérence à tous les niveaux d’enseignement.

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